Cassady et Kerouac : la lettre miraculée


Ce matin sur l'Avenue, c'est avec une tasse de thé à la main que je découvre cet article du monde sur cette incroyable découverte : Une lettre de 18 pages, signée par Neal Cassady destiné à son ami Jack Kérouac. Une envie instantanée de replonger dans la lecture de Sur la route...
 

Son destinataire, Jack Kerouac (1922-1969), la surnommait la « lettre Joan Anderson », en référence à la femme avec qui le voyou magnifique de Denver avait eu une liaison érotique, le temps d’un week-end et qu’il mentionne dans ce récit rédigé sous psychotropes. Soixante-cinq ans après sa disparition, c’est une « pièce phare de la littérature de la Beat Generation », selon les termes de Joe Maddalena, PDG de la maison d’enchères Profiles in History, spécialisée dans les documents autographes et livres rares, qui refait surface à la surprise générale. Ecrite le 17 décembre 1950, elle était, en effet, considérée comme perdue.
Lorsqu’il la reçoit, Kerouac travaille au manuscrit de Sur la route. La découverte de la prose spontanée de son ami Neal Cassady est un choc. Mieux, une œuvre vouée à « faire se retourner Melville, Twain, Dreiser, Wolfe, ou je ne sais qui, dans leurs tombes », dira-t-il plus tard. Exit la première ébauche, plutôt classique, de Sur la route. Subjugué par le style de ce repris de jsutice rencontré quatre ans plus tôt – une façon d’écrire qui s’apparente à un flux verbal–, il recommence tout en avril 1951. Et boucle son récit en trois semaines.



Une lettre hallucinée longtemps disparue.
  
Kerouac n’a jamais fait mystère de la dette qu’il avait contractée à l’égard de Neal Cassady, personnage central de Sur la route, roman-manifeste de la « Beat Generation », édité en 1957, et de ses livres suivants, sous les pseudonymes de Dean Moriarty ou Cody Pomeroy. Mieux, il regrettait que cette lettre hallucinée, si décisive dans la genèse de son œuvre, pionnière de la « Beat Generation », eut sombré corps et biens. Il en imputait la faute à leur ami commun, Allen Ginsberg. Celui-ci l’aurait confiée, en vue de la faire publier, à un agent vivant sur une péniche amarrée près de San Francisco, lequel, par mégarde, l’aurait fait tomber à l’eau. L’intéressé, Ged Sterm, a toujours démenti cette version. A raison.
En réalité, la lettre avait été expédiée à Golden Goose, une petite maison d’édition indépendante, à San Francisco. Celle-ci fit faillite fin 1954 et toutes les archives (courriers, livres, comptabilité) furent détruites, ou presque. Car un voisin, exploitant d’un petit label de musique, récupéra quelques cartons qu’il entreposa chez lui. « Mon père ne savait pas qui était Allen Ginsberg, il ne connaissait pas Cassady, il ne faisait pas partie de la scène Beat, mais il aimait la poésie », a déclaré Jean Spinosa, qui a exhumé ce trésor en vidant la maison familiale en 2012.
En 2001, le manuscrit original de Sur la route a été adjugé à 2,4 millions de dollars. Jerry Cimino qui dirige, à San Francisco, le Beat Museum où s’est tenue la conférence de presse de la maison d’enchères, espère que le futur propriétaire de la « lettre Joan Anderson » la fera publier, mieux, qu’il en fera don à son établissement.


Commentaires

manU_Bouquins a dit…
On a de belles lectures le matin sur l'Avenue...
Guillaume a dit…
hey ! merci ManU Je te retourne le compliment ;-)
joseph a dit…
quel beau chroniqueur que l'auteur de ce blog! merci pour ce récit bien maitrisé!
From the avenue a dit…
joseph je tiens à préciser (ce n'était pas très clair apparemment) que le texte provient d'un article du Monde (j'ai cité la source à la fin)...donc aucun mérite pour ma pomme ;-)