Délivrance de James Dickey

Délivrance de James Dickey gallmeister
A l'occasion de sa sortie en poche, je ne peux que republier ici ce que j'avais dit, il y a quelques années, de ce magnifique roman.


Impressionné par le film, devenu culte dans les années 70, j'avais très envie de lire le roman dont il fut tiré. Les éditions Gallmeister ont eu la bonne idée de donner une seconde vie à ce texte paru pour la première fois en 1970 et retraduit cette année par Jacques mailhos.

Délivrance raconte l'histoire de quatre américains qui décident, le temps d'un weekend, de descendre une rivière en canoë avant que celle-ci ne disparaisse pour céder la place à un lac artificiel.

Tout comme Ed, le narrateur du roman, j'ai été attiré et captivé par cette rivière dans laquelle j'aurais aimé plonger :

En chargeant le canoë, je ne m'étais pas vraiment rendu compte de la matérialité de l'eau. Là, j'en pris conscience. Elle paraissait profonde, animée d'un mouvement imprimé par le tracé de la terre sur des kilomètres et des kilomètres vers l'amont et vers l'aval, au fil des millénaires. C'était si bon de la sentir aussi fraîche, aussi changeante, aussi permanente, aussi vitale et brusque autour de mon sexe, que je ne pouvais me résoudre à en sortir.

Tout paraît idyllique. Le premier réveil pour Ed est apaisant et lui permet de prendre du recul sur sa vie devenue morne :

Ma pensée principale était que je me trouvais en un lieu où aucune - presque aucune - de mes manières ordinaires de vivre ma vie ne fonctionnerait. Je n' avais aucune habitude en laquelle puiser. Etait-ce cela, la liberté ?

Cette balade vire rapidement au cauchemar. À part Lewis, le meneur du groupe, le plus expérimenté et sportif, les trois autres n'ont qu'une envie, celle de rentrer chez eux au plus vite. Une mauvaise rencontre changera irrémédiablement la donne. Une tragédie qui marquera à jamais la vie de ces hommes qui vont aller au-delà d'eux même endossant des rôles qu'is n'ont pas choisis.

À partir de là, c'est une question de survie pour le groupe. Et je peux vous dire que James Dickey m'a mis sous pression durant les deux tiers du roman. C'est incroyable comment il réussit à vous faire ressentir jusqu'au fond de vos tripes la moindre douleur, la moindre peur, les moments d'angoisse. Si la rivière peut apparaître d'une beauté fascinante, il ne vous fait pas oublier que la nature peut se déchaîner à tout moment et que l'homme est d'une vulnérabilité effrayante. 

Une lecture impressionnante. Une véritable claque. L'un, voire mon roman de l'année 2013.

À n'en pas douter, ce roman ne pouvait que rejoindre l'excellent catalogue des éditions Gallmeister devenues incontournables concernant la littérature des grands espaces américains.

Délivrance - James Dickey - Collection totem - Gallmeister - sortie le 29 mai 2015. Traduction de Jacques Mailhos.

Commentaires

Jérôme a dit…
Le film m'avait tellement marqué ! Cette sortie en poche est l'occasion de découvrir le roman dont il a été tiré.
Il me reste le souvenir d'un film très oppressant et épuisant.

Quelques scènes angoissantes sont restées figées dans ma mémoire, raison pour laquelle je ne lirai pas ce livre de suite, j'entends d'être un peu plus grande ;-)

manU_Bouquins a dit…
Très envie de le lire celui-ci !
Guillaume a dit…
@ Jérôme : je trouve le film très réussi !!! ce poche c'est l'occasion effectivement !!!

@ Christina : un film oppressant, le livre l'est aussi mais en pire ! (hé hé hé)

@ ManU : oui bah toi, t'as intérêt à te le procurer, hein ??? (au fait, je suis en pleins dans "Là où les rivières se séparent" ! moi qui n'aime pas forcément les chevaux, je suis servi mais j'aime bien !!!!!!)
manU_Bouquins a dit…
"En pire" !!!
Alors là, il me le faut ! ^^
Guillaume a dit…
@ ManU : j'ai lu le livre après avoir vu le film. Mes nerfs à la lecture ont été mis à rude épreuve tout au long du roman même si je connaissais la fin. Une sacrée expérience de lecture.
Léa Touch Book a dit…
Maintenant que j'ai eu le coup de coeur pour le livre il faut que je vois le film ^^
From the avenue a dit…
Léa, ce film est culte pour beaucoup, j'ai vite compris pourquoi ;-)