Andy Warhol, le pape du pop-art de Ric Burns


En 1990 sortait un album mythique de Lou Reed et John Cale intitulé "Songs for Drella". Ce disque m'a accompagné de l'adolescence vers l'âge adulte, dans cette aube d'une décennie nouvelle et d'un millénaire finissant. Il se proposait d'y raconter, en musique, la vie et l'oeuvre d'Andy Warhol. Les artistes impliqués l'avaient très bien connu puisqu'il avait produit et mis en images leur historique "The Velvet Underground and Nico".  Cette capsule temporelle incroyable que représente le projet fou "Exploding Plastic Inevitable" : un concert dirigé entièrement par Andy Warhol qui a choisi les musiciens, mis en lumière et en images cette fin des années 60 à New York. Drella c'était bien sûr ce créateur improbable, mélange de Cinderella et Dracula. Son magazine, Interview, je le commandais alors à la Maison de la Presse où ce monde s'ouvrait chaque fois vers des territoires exceptionnels, notamment les visions des corps si sensuels de Bruce Weber, un habitué de ces pages si remplies de publicité qui offraient de rêver d'autre chose, enfin!

Autant vous dire tout de suite que cet univers interlope m'était, d'une certaine manière, familier.

Le film, Andy Warhol, le pape du pop-art de Ric Burns m'a pourtant appris une foule de choses et m'a bouleversé  de tant de manières que je ne saurais par laquelle commencer. Si, le temps! 

Le réalisateur de ce documentaire brillamment édité en DVD par Arte Editions prend le temps. Les quatre heures que représentent les deux parties proposées ici passent même presque trop vite. Elles m'ont donné envie de me replonger dans les films de Warhol, ceux de Paul Morrissey, de la trop brève carrière d'Edie Sedgwick aussi. 

J'ai compris encore plus fort que le travail de cet homme avait changé l'histoire de l'art de toutes parts si profondément. Que les rencontres étaient rarement dues au hasard, bien sûr. Que le monde tel qu'il est se préparait déjà alors, dans cette consommation, cette consumation absolue. 

Pour revenir au temps, le fait de mettre en perspective le regard du spectateur face au premier film de Warhol : "Sleep" est une idée tout aussi simple que brillante. Ce temps qu'il permet de ressentir différemment entre le temps du sommeil (et des rêves éventuels) et celui de la vie vécue (par le spectateur notamment - il y est question d'une anecdote où un homme dans le cinéma au bout de plusieurs heures se serait levé et aurait dit sur scène face à l'oreille de 6 mètres sur l'écran : "Réveille-toi!"). 

Il est difficile de résumer un travail à la fois aussi bien documenté, foisonnant et passionnant de bout en bout. Les témoignages éclairent l'époque et clarifient le parcours d'un homme qui cachait ses souffrances derrière une façade beaucoup trop lisse pour qu'on les découvre de prime abord. On comprend progressivement que ses œuvres ont tant de lectures possibles qu'on ne pourra jamais les épuiser, c'est tout simplement fascinant.

Le film est sorti chez Arte Editions en DVD et Blu-ray le 3 novembre 2015.
Arte Editions : sa page facebook et son site.


Merci à Cinétrafic de nous avoir permis de découvrir ce film, grâce à l'opération dvdtrafic : "un dvd contre une critique". 

Commentaires

Nadine a dit…
J'adore Andy Warhol!!!
J'ai eu la chance de voir une belle exposition au Musée des Beaux-Arts de Montréal en 2014.
Quel homme fascinant c'était!
Merci pour ce beau billet et bon weekend dans l'Avenue
Guillaume a dit…
@Nadine : on imagine que tu as du te régaler !! Chanceuse, tiens ! Un homme fascinant effectivement...y'a pas à dire...