Crime de Meyer Levin
Ils avaient joué avec l'idée du "crime parfait"; or, tout la littérature
policière est basée sur ce thème éminemment banal. Mais, dans les
romans policiers, on prête un mobile au criminel. On peut concevoir à la
rigueur qu'on tue pour de l'argent, par vengeance ou par jalousie, même
si l'on se dit que c'est insensé, que c'est affreux (...). Mais, dans
ce cas particulier, ni cause, ni motif, ni prétexte. Judd Steiner et
Artie Strauss avaient tué pour tuer, pour se livrer à la fascinante
expérience d'exécuter un crime parfait.
Le 21 mai 1924, deux jeunes brillants étudiants de l'université de Chicago, issus chacun d'une famille richissime décident d'assassiner un jeune garçon. Une affaire qui a défrayé la chronique et sur laquelle Meyer Levin, revient trente ans plus tard en 1956.
A l'époque des faits il est jeune reporter au Chicago Daily News. Il suit alors l'affaire de très près. Il a eu l'occasion d'écrire plusieurs articles au cours du procès qui eu lieu par la suite.
Faire un roman de cette affaire est, comme il l'explique dans sa préface, l'occasion de rappeler l'importance des Aliénistes qui à l'époque ont joué un rôle capital lors du procès de part leur avis concernant la santé mentale des deux jeunes hommes de 17 ans à peine sortis de l'adolescence. Les témoignages des psychiatres ont été souvent remarquables et presque tous en avance sur leur époque.
A travers un drame vécu, Meyer Levin en fait un récit en extrapolant certains faits. Il se met en scène à travers le personnage de Sid qui va être un des premiers journalistes à révéler l'assassinat dans la presse.
Ce roman m'a captivé du début à la fin. Le roman débute assez rapidement sur le jour du crime avec de nombreux flash-back qui présentent la psychologie des deux meurtriers et leur environnement (leurs amis de la Fraternité de l'université et leur famille respective) et la préparation minutieuse de leur projet. S'en suit le déroulement de l'affaire et ses différents rebondissements dont les journaux s'empressent d'en faire l'affaire du siècle.
Ce qui m'a fasciné dans cette histoire c'est avant tout ce duo meurtrier. Meyer Levin a réussit à mettre en scène des personnages à la psychologie humaine complexe et troublante. Leur amitié en apparence sans faille s'avère être un vrai rapport de forces. Une relation ambiguë où l'amour et la découverte de la sexualité entrent en jeu.
Ils savent tous les deux qu'au yeux de la société, ils sont irréprochables et intouchables de part leur brillante réussite scolaire et leur statut social. Artie à l'évidence a l'ascendant sur Judd qui préfère lui obéir et ne pas le contester. Ce dernier semble davantage tourmenté après la meurtre. Artie lui, très sûr de lui, ira jusqu'à aider les journalistes à retrouver les coupables. Ces derniers titreront à la une de leurs journaux que ce crime ne peut être commis que par un inverti (la victime ayant été violée) ce qui ne manquera pas donner un caractère sensationnel à l'affiaire.
Malgré cette histoire qui peut paraître classique par sa thématique et son déroulement, ce roman n'est reste pas moins passionnant. Je n'ai pas été surpris d'apprendre que ce roman fut adapté au cinéma par Richard Fleischer en 1958 sous le titre de Compulsion. Film que je vais m'empresser de regarder très vite.
L'avis de Laurent à lire ici.
L'avis de Laurent à lire ici.
Crime (compulsion) - Meyer Levin ; traduit de l'américain par Magdeleine Paz - Libretto - Phébus - 1996
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