lundi, décembre 25, 2017
lundi, décembre 18, 2017
samedi, décembre 16, 2017
jeudi, décembre 14, 2017
We are the flesh d'Emiliano Rocha Minter
We are the flesh, un film d'Emiliano Rocha Minter - Editions Blaq Out - Sortie du DVD le 17 octobre 2017. Son site et sa page Facebook.
- Quels films voir en 2018 ?
- les bons films d'horreur sortis en 2017
Dans un monde post-apocalyptique, un homme entre deux âges se prépare une maigre pitance en mélangeant du pain sec et de l'eau. Il se chauffe comme il peut, se drogue, boit et laisse exploser sa violence dans un lieu en ruines. Tout de suite on est plongé dans une lenteur brutale, effrayante et angoissante. Puis le mystère s'épaissit encore avec l'arrivée d'un couple de jeunes adultes, un homme et une femme qui se révéleront être frère et sœur.
Manipulation, scènes gores et pornographie se mélangent ensuite pour donner lieu à des expérimentations pas seulement picturales.
Certaines scènes sont particulièrement abouties, notamment l'isolation de l'habitation avec du carton scotché partout, mais rien qui n'ait déjà été vu voire revu. C'est surprenant qu'un film qui se veuille aussi choquant lasse plutôt qu'autre chose. Cela en dit finalement assez long sur notre monde.
Un grand merci à Cinetrafic de nous avoir permis de découvrir ce film, grâce à l'opération dvdtrafic : "un dvd contre une critique".
dimanche, décembre 10, 2017
mercredi, décembre 06, 2017
samedi, décembre 02, 2017
dimanche, novembre 26, 2017
Jean-Louis Murat - Travaux sur la N89
Jean-Louis Murat nous revient avec un album en apparence ovni et très différent de ses précédents opus.Quitte à laisser certains fans sur le bord de la route, l'artiste (après une vingtaine d'albums) sait prendre des risques. C'est audacieux, classieux. Nous avons eu un peu peur à la première écoute, et puis rapidement, nous avons accroché véritablement.
http://www.jlmurat.com/
samedi, novembre 25, 2017
vendredi, novembre 24, 2017
mardi, novembre 21, 2017
samedi, novembre 18, 2017
vendredi, novembre 17, 2017
mardi, novembre 14, 2017
Film noir - Cycle Orson Welles
Aujourd'hui, place à l'incontournable acteur et réalisateur Orson Welles. Une sélection de 4 films, qui pourra, le cas échéant, être mise à jour au fur et à mesure de nos découvertes.
Fiche IMDB
Citizen Kane 1941
Le criminel (The stranger) 1946
La dame de Shanghaï (The lady from Shangaï) 1947 *
La soif du mal (Touch of evil) 1957
* Top Film noir de l'Avenue
A la mort du milliardaire Charles Foster Kane, un grand magnat de la presse, Thompson, un reporter, enquête sur sa vie. Les contacts qu'il prend avec ses proches lui font découvrir un personnage gigantesque, mégalomane, égoïste et solitaire.
Wilson, inspecteur de police chargé de retrouver les criminels de guerre allemands, fait relâcher Meinike, ancien chef d'un camp d'extermination, et le surveille jusqu’à Harper, village américain où l'Allemand retrouve son ancien supérieur, Franz Kindler. Franz, vivant sous le nom de Charles Rankin, est devenu un honorable professeur de collège et épouse Mary, fille du respectable juge Longstreet. Pour éviter les indiscrétions de Meinike, Charles le supprime. Wilson mène l’enquête...
A Cuba, Michael, marin irlandais en quête d'un emploi, sauve d'une agression une jeune femme, Elsa. Le mari d'Elsa, avocat célèbre, offre à Michael d'embarquer sur son yacht pour une croisière vers San Francisco. Elsa et Michael tombent amoureux et Grisby, l'associé de Bannister, s’aperçoit de cet amour. Il veut disparaître et propose à Michael 5000 dollars pour signer un papier dans lequel il confesse l'avoir tué.
citation du film : Quand je commence à faire l'idiot, rien ne peut m'empêcher de le faire complètement.
Rita ne pouvait tout simplement pas apparaître comme la pin-up très connue ; elle avait besoin d'un look complètement nouveau. Alors nous l'avons tente en blond platine et lui avons coupé les cheveux très courts. Je te laisse imaginer la tête du chef des studios Harry Cohn quand il s'en est aperçu ! (Orson Welles)
Orson Welles livre avec ce film un cas d'école du film noir à la mécanique parfaitement huilée, qui a sans aucun doute influencé tout le cinéma anglo-saxon des décennies suivantes (de Hitchock à Wes Craven. (ecranlarge.com)
La critique de DVDClassik
A Los Robles, ville-frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, un notable meurt dans un attentat. L'enquête qui s'ensuit oppose deux policiers : Vargas, haut fonctionnaire de la police mexicaine, en voyage de noces avec sa jeune épouse américaine, Susan, et Hank Quinlan, peu amène vis-à-vis de ce fringant étranger. Dès lors, le couple est séparé : Vargas part avec les policiers pour les besoins de l'enquête et Susan est entraînée chez Grandi, un caïd local qui la menace. Les pressions exercées sur eux ne cessent d'augmenter.
Vargas échappe de justesse à une projection d'acide ; Susan de retour dans sa chambre d'hôtel, est harcelée par un voyeur. Excédée, elle demande à son mari de la conduire en sécurité, dans un motel américain...
Les films noirs sur l'Avenue, c'est aussi :
Film noir sur l'avenue
Le cycle Robert Siodmak
Le cycle Otto Preminger
Le cycle Robert Wise
Le cycle Nicholas Ray
Le cycle Richard Fleischer
Le cycle Fritz Lang (1)
Le cycle Fritz Lang (2)
Le cycle Henry Hathaway
Le cycle Joseph Losey
Le cycle Jules Dassin
Le cycle Jacques Tourneur
dimanche, novembre 12, 2017
samedi, novembre 11, 2017
L'Homme qui mit fin à l'histoire de Ken Liu
Deux scientifiques mettent au point un procédé révolutionnaire permettant de retourner dans le passé. Une seule et unique fois par période visitée, pour une seule et unique personne, et sans aucune possibilité pour l'observateur d'interférer avec l'objet de son observation. Une révolution qui promet la vérité sur les périodes les plus obscures de l'histoire humaine. Plus de mensonges. Plus de secrets d'État.(présentation de l'éditeur)
L'Homme qui mit fin à l'histoire est le premier texte que je lis dans la collection Une heure lumière des éditions Le Bélial. Une grande claque pour un auteur que je viens de découvrir.
L'histoire s'apparente à un documentaire de part sa forme (ensemble de témoignages, exposés, interviews). Si cela m'a paru un peu déroutant au départ, je suis entré petit à petit dans cette histoire que je ne connaissais absolument pas, celle de l'unité 731, un projet japonais de recherches bactériologiques qui a permis des expérimentations sur des cobayes humains chinois à grande échelle de 1933 à 1945. L'Unité 731 est aujourd'hui reconnue responsable de crimes de guerre et crimes contre l'humanité. L'État japonais ne reconnaît son existence que depuis 2002.
Autant vous dire que le récit devient saisissant et très dur.
Ken Liu nous fait réfléchir très habilement sur notre devoir de mémoire en prenant comme prétexte le voyage dans le temps. Ce qui n'en fait pas une histoire futuriste mais paradoxalement une histoire actuelle et nécessaire.
En effet, plusieurs personnes se sont portées volontaires pour retourner dans le passé et connaître la vérité, la décrire afin d'apporter la preuve irréfutable de ce qui s'est réellement passé. Les témoins sont ainsi impliqués au même titre que les scientifiques dans cette recherche historique et sont placés au cœur du sujet que Ken Liu porte admirablement pour éveiller nos consciences.
Mais si l'on maîtrise les faits historiques avec ce voyage temporel, ne risque t-on pas de mettre fin à l'histoire et à toute découverte de la vérité historique ?
La vraie mémoire, il ne saurait y avoir de vraie réconciliation. Sans vraie mémoire, les individus de chaque nation n'ont pas pu ressentir ni se remémorer la souffrance des victime. Individualiser le récit que chacun de nous se fait des événements est un prérequis avant de pouvoir s'extirper du piège de l'histoire. Telle était, dès le départ, la nature du projet nous rappellent les scientifiques.
L'Homme qui mit fin à l'histoire est aussi une formidable réflexion sur le métier d'historien, les questionnements éthiques et juridiques de notre génération face au passé.
L'histoire est affaire de narration. Dire les histoires vraies qui affirment et expliquent notre existence, telle est la tâche de l'historien. mais la vérité est délicate et elle a des ennemis. Voilà pourquoi, même si nous autres, universitaires, dons la rechercher, nous prononçons rarement le mot "vérité" sans adjoindre des ornements et des réserves.
Le fait que nous en détenions jamais un savoir total, idéal, ne nous absout en rien du devoir moral qui nous incombe de prononcer un jugement et de prendre position à l'encontre du mal.
Une novella intense, dense et d'une grande intelligence qui bouscule et nous rappelle l'importance capitale de ne plus nier notre capacité en tant qu'Homme à faire le mal, qui nous permet de retrouver notre humanité à travers la reconnaissance des victimes et des atrocités des guerres.
L'Homme qui mit fin à l'histoire - Ken Liu - traduction de l'anglais de Pierre-Paul Durastanti - Collection Une heure lumière - Le Bélial - 2016.
mardi, novembre 07, 2017
Le coeur sauvage de Robin MacArthur
Marie-Claude et Jérôme m'avaient donné très envie de découvrir ces nouvelles. C'est chose faite et j'ai vraiment bien fait.
Pas facile d'en parler par ailleurs. Ce que j'en retiens, c'est avant tout l'ambiance qui se dégage dans cette région du Vermont aux Etats-Unis où les forêts, la nature sauvage façonnent les paysages et les hommes qui y vivent. J'ai eu envie d'y aller, de toucher les arbres, sentir leur odeur, plonger la main dans l'eau glacée des rivières, écouter le vent, le bruit et les cris des animaux (peut-être pas celui du puma ...lisez, vous comprendrez ;-)).
Des ballades nocturnes en forêt, des soirs d'été silencieux, une bière à la main, propices à la nostalgie, aux réminiscences de l'enfance, à l'envie d'une autre vie. Le retour à la terre pour certains avec appréhension, joie mélangée d'amertume. Des hommes et des femmes qui vivent dans ces régions par dépit plus que par choix. Des envies de s'échapper du quotidien, de tout recommencer. Des histoires de solitude, d'illusions perdues qui laissent souvent un goût amer.
Et puis et surtout, l'écriture de Robin MacArthur qui m'a tout de suite plu. J'ai aimé les chutes de ses histoires, ses personnages. De grandes pauses méditatives entre chaque nouvelle. Un très beau recueil d'une grande intensité émotionnelle que j'ai envie d'offrir à ceux que j'aime.
Je continuerais prochainement avec d'autres nouvelles de la collection Terres d'Amérique, avec Courir au clair de lune avec un chien volé.
Le coeur sauvage - Robin MacArthur - traduit de l'américain par France Camus-Pichon - Collection Terres d'Amérique - Editions Albin Michel - 2017
lundi, novembre 06, 2017
samedi, novembre 04, 2017
jeudi, novembre 02, 2017
samedi, octobre 28, 2017
jeudi, octobre 26, 2017
lundi, octobre 23, 2017
Les nuits de San Francisco de Caryl Férey
Encore une réussite pour ce court roman signé de la plume tranchante et noire de Caryl Férey. L'histoire de Sam, un sioux dont son peuple a été massacré, contraint de quitter ses terres pour aller à la ville et tenter de survivre. Et celle de Jane, une jeune femme qui a passé son enfance à Fresno la ville la plus bête d'Amérique, autant dire du monde. Deux âmes abîmées, torturées qui vont se rencontrer dans un quartier de San Francisco.
Deux portraits réussis. Des destins dont personne n'auraient voulus. Férey ne fait pas dans la dentelle, comme à son habitude. L'histoire est simple, presque banale. Après quelques lignes, on est happé par son écriture fluide et immédiate. Le seul problème, c'est que c'est trop court. On aurait aimer rester un peu plus avec ces personnages qui pourraient enfin connaître une once de bonheur...
Les amateurs de Caryl Férey devraient y trouver leur compte sans problème. Pour ceux qui ne le connaissent pas, pourquoi pas commencer par ce livre !
Les nuits de San Francisco - Caryl Férey - Folio policier - sortie le 19 octobre 2017
samedi, octobre 21, 2017
jeudi, octobre 19, 2017
Par le vent pleuré de Ron Rash
Dans une petite ville paisible au cœur des Appalaches, la rivière vient de déposer sur la grève une poignée d'ossements, ayant appartenu à une jeune femme. Elle s'appelait Ligeia, et personne n'avait plus entendu parler d'elle depuis un demi-siècle.
1969 : le summer of love. Ligeia débarque de Floride avec l'insouciance et la sensualité de sa jeunesse, avide de plaisirs et de liberté. C'est l'époque des communautés hippies, du Vietnam, de la drogue, du sexe et du Grateful Dead. Deux frères, Bill et Eugene, qui vivent bien loin de ces révolutions, sous la coupe d'un grand-père tyrannique et conservateur, vont se laisser séduire par Ligeia la sirène et emporter dans le tourbillon des tentations. Le temps d'une saison, la jeune fille bouleversera de fond en comble leur relation, leur vision du monde, et scellera à jamais leur destin – avant de disparaître aussi subitement qu'elle était apparue.(Présentation éditeur)
Parmi les romans de la rentrée littéraire de cet automne qui me faisaient très envie, figuraient Une histoire des loups d' Emily Fridlund et celui
de Ron Rash. Pour le premier, je dois bien avouer que c'est peut-être ma
première grande déception chez Gallmeister, un éditeur que
j'apprécie beaucoup. Je rejoints assez facilement l'avis de Jérôme.
Mais
revenons à Ron Rash. Quel immense plaisir de retrouver son
écriture. Emprunté à Thomas
Wolfe, le titre
est déjà une merveille !! Si j'ai pu lire des avis et
critiques un peu plus froides que pour ces précédents romans, pour
moi il n'en ai rien quant à la qualité de ce dernier.
Même si
elle apparaît assez classique en apparence, l'histoire est
prenante du début à la fin et très émouvante. Les personnages
sont toujours chez l'écrivain d'une grande profondeur et c'est ce
qui m'a particulièrement plu. La relation entre les deux frères si
différents est traitée avec justesse. On y croit. Les thèmes chers
à l'auteur sont de nouveau présents : le poids de l'héritage
familial, le passé, la soif d’émancipation, la culpabilité et le cadre
d'une petite ville isolée.
Quand le
passé resurgit, il est l'heure de rendre des comptes, Une histoire
sur les choix que l'on fait dont les conséquences sont parfois
impossibles à accepter et à assumer.
Ron Rash
signe avec Par le vent pleuré une perle noire dont la
construction romanesque est méticuleusement soignée et participe
grandement à sa réussite.
Un autre avis à découvrir, celui de Krol.
Par le vent pleuré - Ron Rash - Traduit de l'américain par Isabelle Reinharez - Editions du Seuil - 2017.
lundi, octobre 16, 2017
Equus de Sidney Lumet
Martin Dysart, un psychanalyste renommé, accepte de prendre en charge le jeune Alan Strang qui, sous un accès de folie, a crevé les yeux de six chevaux de l'écurie dans laquelle il travaillait. Rapidement l'esprit torturé du jeune homme bouscule le médecin qui commence à douter de lui, de son métier, de sa vie et de son âme.
Sidney Lumet était jusqu'à ce film, un inconnu pour nous ou presque. Adapté d'une pièce de théâtre par Peter Shaffer, Equus fascine le téléspectateur qui à la fin du film est bouleversé devant tant de justesse, de profondeur et de talent.
Comme le rappelle un des excellents suppléments du blu-ray, Sidney Lumet est un cinéaste du doute. Dès le départ du film, Richard Burton (dans un rôle époustouflant) s'adresse au téléspectateur et lui assène ses incertitudes.On ne sait pas alors si le film se bornera à présenter la seule vision du thérapeute ou celle du malade. Et si c'était finalement les deux? Voire plus. Finalement Lumet a toujours un longueur d'avance sur nous et va au-delà de ce que l'on prétend attendre du film.
Réalisé en 1978 et très ancré dans leur époque, la pièce comme le film remettent en cause la norme, la psychanalyse, la famille, la religion, bref, toutes les valeurs de la société.
Sur l'Avenue nous avons particulièrement apprécié l'imagerie du désir, de la sexualité, du corps. Le jeu des deux acteurs est tout bonnement exceptionnel. Il s'agit là d'un des tous derniers rôles de Richard Burton qui semble donner absolument tout et même au-delà.
La découverte ensuite d'Un après-midi de chien (1975) puis d' A bout de course (1988) ou bien encore de 12 Hommes en colère (1957)nous a permis de réaliser à quel point Sidney Lumet est un réalisateur majeur qui sait nous interroger au plus profond de la nuit. Il met le spectateur à rude épreuve et ne lui mâche pas le travail. Des films précieux qui font réfléchir. A consommer sans modération.
Le film est sorti en DVD le 05 septembre 2017 chez Outplay.
- le classement des films d'épouvante-horreur les plus populaires sur Cinetrafic
- les meilleurs films de l'année
Un grand merci à Cinetrafic de nous avoir permis de découvrir ce film, grâce à l'opération dvdtrafic : "un dvd contre une critique".
jeudi, octobre 12, 2017
Nos âmes la nuit - Kent Haruf
Dans la petite ville de Holt, Colorado, Addie, une septuagénaire veuve depuis des décennies, fait une étrange proposition à son voisin, Louis, également veuf : voudrait-il bien passer de temps à autre la nuit avec elle, simplement pour parler, se tenir compagnie ? La solitude est parfois si dure... (présentation de l'éditeur)
Aaaaah! Qu'il fait du bien ce roman! Je suis ravi d'avoir découvert cet écrivain avec cette histoire pleine de vitalité.
Est-il possible de vivre une nouvelle histoire d'amour à plus de soixante dix ans ?
Deux solitudes se rencontrent et vivent au grand jour une belle histoire d'amour au delà des conventions. Un texte plein d'émotions sur l'envie de partager les choses simples de la vie et d'être heureux. L'écriture de Kent Haruf est simple et délicate.
J'ai eu envie de continuer avec un autre roman, très différent et beaucoup plus sombre, Le chant des plaines publié dans la collection Pavillons poche que nous apprécions particulièrement.
Nos âmes la nuit - Kent Haruf - Traduit de l'américain par Anouk Neuhoff - Collection Pavillons poche - sortie le 12 octobre 2017
mercredi, octobre 11, 2017
La science du coeur de Pierre Lapointe
Coup de coeur instantané pour ce nouvel album du québécois Pierre Lapointe sorti le 06 octobre dernier.
Nous l'avions seulement découvert en 2014 avec son album Paris Tristesse (dont la sublime chanson Je déteste ma vie) qui reprenait au piano les succès de ses précédents albums retraçant 10 ans de carrière.
Comme le préconise l'artiste dans le livret de son album, laissez de côté les réseaux sociaux et autres préoccupations pour vous immerger pendant 37 minutes dans l'univers de ses 11 nouvelles chansons. Des textes travaillés, ciselés, profonds sur une musique qui nous a touchée de plein fouet.
Pierre Lapointe nous parle d'amour avec élégance sur une musique orchestrale émouvante.
Merci Pierre!!!
Deux titres de l'album à découvrir en vidéo ici.
lundi, octobre 09, 2017
Exécutions à Victory de S. Craig Zahler
Après avoir provoqué, par mégarde le suicide d'un client (un premier chapitre décoiffant), le flic Jules Bettinger est muté avec sa famille dans une ville pourrie du Missourri, où ça craint à mort.
Une fois sur place, il doit faire équipe avec Dominic Williams qui vient d'être rétrogradé pour avoir tabasser un criminel. Bettinger plutôt intègre mais noir (une couleur trop foncée aux yeux de ses collègues) va avoir du mal à faire confiance à ses coéquipiers dont la plupart semblent corrompus. Rapidement, des morts côtoient les nombreux pigeons qui meurent sur les trottoirs crasseux et dangereux de Victory. Mais ce sont des flics et non des criminels...
Autant vous dire que pour rien au monde je mettrais les pieds dans cette ville glauque et misérable. Dans ce roman, ça ne rigole pas et dès le début, on sait que ce pauvre Bettinger va s'en prendre plein la tête.
S Craig Zahler a un humour noir décapant qui contrebalance avec la noirceur et l'ultra-violence de son histoire. J'ai ri et grimacé à la fois. Zahler s'en donne à coeur joie et offre peu de moment de répit à son flic (et à son lecteur du coup !).
Un polar hautement testosteronné mené tambour battant !
Exécutions à Victory - S. Craig Zahler - Traduit de l'américain par Sophie Aslanides - collection Totem - Gallmeister - sortie le 05 octobre 2017
Le nom de la ville, c’est Victory. (Bettinger ricana.) Pense au pire bidonville que tu aies jamais vu, chie dessus pendant quarante ans et tu auras une idée de ce à quoi ça ressemble.
Une fois sur place, il doit faire équipe avec Dominic Williams qui vient d'être rétrogradé pour avoir tabasser un criminel. Bettinger plutôt intègre mais noir (une couleur trop foncée aux yeux de ses collègues) va avoir du mal à faire confiance à ses coéquipiers dont la plupart semblent corrompus. Rapidement, des morts côtoient les nombreux pigeons qui meurent sur les trottoirs crasseux et dangereux de Victory. Mais ce sont des flics et non des criminels...
Autant vous dire que pour rien au monde je mettrais les pieds dans cette ville glauque et misérable. Dans ce roman, ça ne rigole pas et dès le début, on sait que ce pauvre Bettinger va s'en prendre plein la tête.
S Craig Zahler a un humour noir décapant qui contrebalance avec la noirceur et l'ultra-violence de son histoire. J'ai ri et grimacé à la fois. Zahler s'en donne à coeur joie et offre peu de moment de répit à son flic (et à son lecteur du coup !).
Un polar hautement testosteronné mené tambour battant !
Exécutions à Victory - S. Craig Zahler - Traduit de l'américain par Sophie Aslanides - collection Totem - Gallmeister - sortie le 05 octobre 2017
samedi, octobre 07, 2017
Bondrée de Andrée A. Michaud
À l'été 67, une jeune fille disparaît dans les épaisses forêts entourant Boundary Pond, un lac des confins du Québec rebaptisé Bondrée par un trappeur mort depuis longtemps. Elle est retrouvée morte. On veut croire à un accident, lorsqu'une deuxième adolescente disparaît à son tour... (présentation de l'éditeur).
Il avait failli passer à la trappe au vu de ma pile à lire bien trop haute à mon goût, mais j'ai enfin pris le temps de lire ce roman et j'ai bien fait.
Andrée A. Michaud a une sacrée écriture : belle, fine et poétique. Elle invente presque une langue en mélangeant le québécois, le français et l'anglais comme si ça allait de soi. C'est assez remarquable et très réussi même si au départ ça peut dérouter. Une écriture qui m'a beaucoup plu et qui fait toute la saveur de ce roman policier.
L'histoire nous est à la fois racontée par une jeune fille de douze ans, Andrée, qui assiste de près et de loin à l'enquête, espionnant les faits et gestes des adultes qui préfèrent dans un premier temps lui cacher la vérité pour finalement la mettre dans la confidence. A peine sortie de l'enfance, elle ressortira grandie de cet été qui la marquera à jamais.
Andrée A. Michaud est incroyablement douée pour se mettre dans la peau de ses personnages et pour les faire vivre. Notamment le personnage du policier qui mène l'enquête m'a beaucoup ému. L'été 1967 sera un cauchemar pour lui. Il devra puiser toutes ses forces, quitte à y laisser une partie de son âme pour parvenir à arrêter le meurtrier.
Même si le déroulement de l'histoire est plutôt lent, Andrée A. Michaud a su crée une véritable ambiance autour de ce lac et de cette forêt au sombre passé. Impuissance et peur s'installent progressivement parmi les habitants. Et c'est l'autre grande réussite de ce roman. On y croit : c'est l'été, il fait chaud, une chape de plomb s'abat sur ce lac et un tueur rôde. Chaque famille n'ose plus sortir de son chalet, hormis les hommes qui n'attendront pas la police pour traquer eux-même le tueur de leurs enfants. Malgré l'entraide apparente, c'est aussi la suspicion qui gagne la petite communauté. La sombre légende qui entoure ce lac est bien amenée et joue son rôle à la perfection.
Bondrée est une véritable perle noire dont l'ambiance si bien recherchée devrait me laisser un très long souvenir.
Bondrée de Andrée A. Michaud - Rivages/Noir - Sortie le 04 octobre 2017.
vendredi, octobre 06, 2017
Goat mountain de David Vann
Comme chaque année, un jeune adolescent de onze ans part à la chasse avec son père, l'ami de celui-ci et son grand-père dans une réserve de deux cent cinquante hectares. Mais cet automne 1978 est bien différent des précédents car pour la première fois de sa vie, le jeune garçon va avoir le droit et l'honneur de se servir de son fusil et de chasser son premier cerf.
Ce que nous voulions, c’était courir ainsi, pourchasser notre proie. C’était l’intérêt. Ce qui nous poussait à courir, c’était la joie et la promesse de tuer.
Tuer est son seul objectif, découvrir ce bonheur là.
Il n’existait pas de joie plus totale et plus immédiate que celle de tuer. Même la simple idée de tuer était meilleure que n’importe quoi d’autre.
A leur arrivée sur place, ces hommes observent par la lunette de leur fusil un braconnier. C'est alors que l'irréparable se produit lorsque le fils à son tour regarde et aussitôt presse la détente de son arme.
Un scénario inenvisageable pour un père, celui d'un fils meurtrier. Alors que faire dans l'immédiat ? Se débarrasser du corps ? Se livrer à la police ? Continuer à chasser comme si de rien n'était ?
Toucher les morts. Nous ne sommes pas censés toucher les morts. C'est la raison pour laquelle nous leur préparons une vie confortable dans l'au-delà, afin qu'ils ne tendent pas les bras vers nous. Nous espérons détourner leur attention, les occuper. Un enterrement est un espoir.
Un souvenir marquant que l'enfant nous raconte une fois adulte. Chaque homme se positionne différemment face à ce mort gisant à leur pied, face à ce gamin qui ne semble pas réaliser ce qu'il vient de faire. Pourtant l'impuissance de chacun semble prendre le dessus.
On ne peut pas remodeler sa propre nature, et les personnes morales sont toujours impuissantes face à ce que nous sommes.
Comment affronter les conséquences irrémédiables d'un tel acte quand on a seulement onze ans ?
Mais à onze ans, le temps était illimité et inconnu, la vie semblait pouvoir s'étendre à l'infini, et je marchais dans l'herbe sans sentir ni mes chevilles ni mes genoux ni mon dos, rien ne m'avait encore trahi, mes muscles et mes os encore liées. Je n'éprouvais aucune culpabilité, aucun remords, aucune inquiétude comme je les connais à présent, rien que de l'impatience, rien que le mouvement.
Le grand-père, véritable avocat du diable mettra son fils et son petit-fils face à leurs responsabilités sans ménagement aucun, avec une rudesse sans bornes.
Le père quant à lui, oscillera entre protection et abandon de son fils.
Le personnage de Tom, ami du père, n'a qu'une envie, celle de partir...pourtant contraint de rester, il essayera vainement de se préserver et de conserver son intégrité morale.
Le grand-père, véritable avocat du diable mettra son fils et son petit-fils face à leurs responsabilités sans ménagement aucun, avec une rudesse sans bornes.
Le personnage de Tom, ami du père, n'a qu'une envie, celle de partir...pourtant contraint de rester, il essayera vainement de se préserver et de conserver son intégrité morale.
La nature prend des allures d'Enfer. Des situations extrêmes, dangereuses, qui m'ont rappelé ma lecture de Délivrance, où des choix cruciaux doivent être faits et rapidement.
Pour ceux qui connaissent David Vann, vous retrouvez dans ce roman l'ambiance de Sukkwan island, cette nature oppressante et cette tension à chaque page.
Sauf qu'ici, il décide de lancer les hostilités dès les premières pages, sans préavis. Le lecteur est pris au vif, anéanti.
David Vann nous rappelle, en écho à sa propre histoire familiale, que les morts font définitivement partis des vivants, et qu'ils nous habitent à jamais. Il donne aussi à réfléchir sur les armes, la fascination qu'elles opèrent sur l'homme et sur la violence qui en découle.
David Vann maîtrise son récit dans la durée, crée une véritable escalade de sauvagerie où les défis face à la mort remonteraient à la nuit des temps. Il fait ressortir chez chacun de ses personnages leur propre animalité, leurs réflexes les plus primaires, leur instinct de survie.
La Bible n'a rien à voir avec dieu. La Bible est le récit de notre éveil, une récupération, un rêve atavique racontant la première fois que nous avons appris la notion de honte dans le jardin, la première fois que nous nous sommes considérés comme différents des autres animaux, et Caïn fut le premier à découvrir que certains d'entre nous ne se réveilleraient jamais. Certains d'entre nous agissent selon leurs instincts, et cela ne changera pas. Les dix commandements dressent la liste de ces instincts qui ne nous quitteront jamais.
Un autre très beau passage à mes yeux :
La durée. Ce que nous offre la nature, c'est la durée, la promesse que lorsque nous paniquons, que nous sommes pris au piège et que nous voulons être n'importe où ailleurs, cet instant s'étirera, continuera, grandira, empirera. Ce monde inventé pour des raisons qui ne nous prenaient pas en compte, mais nous l'oublions et c'est pourquoi nous sous-estimons tout.
A la fin du récit, le lecteur apprend que ce roman est un retour au matériau de la première nouvelle que j’ai écrite, il y a de cela plus de 25 ans. Ce roman consume les derniers éléments qui, à l’origine, m’ont poussé à écrire : les récits sur ma famille et sa violence. Il revient également sur mes ancêtres cherokees, et leurs interrogations lorsqu’ils furent mis face à l’idée de Jésus.
Une lecture éprouvante qui laisse le lecteur à bout de souffle. Mais rien de moins étonnant pour ceux qui connaissent ses romans. Une histoire magistrale, sans concession, d'une grande férocité, mais sublime aussi.
Une lecture éprouvante qui laisse le lecteur à bout de souffle. Mais rien de moins étonnant pour ceux qui connaissent ses romans. Une histoire magistrale, sans concession, d'une grande férocité, mais sublime aussi.
Goat Mountain - David Vann - Traduction de l'américain par Laura Derajinski - Collection Totem - Editions Gallmeister - sortie le 05 octobre 2017.
Inscription à :
Articles (Atom)