Pike de Benjamin Whitmer
Quelle heureuse surprise hier d'apprendre dans leur newsletter que les éditions Gallmeister lançaient une nouvelle collection qui devrait, à priori, beaucoup me plaire. Elle s'appelle Neopolar (tout est bien expliqué ici). J'en profite comme Jérôme pour ressortir un billet concernant Pike, sorti chez l'éditeur en 2012. A noter que deux autres romans sont sortis hier (voir ici et ici). Pour les avoir vu en librairie, sachez que l'éditeur apporte le même soin et une qualité à ses livres en proposant cette fois du semi-poche à la couverture à l'effet gommé. C'est plutôt classieux.
En ce qui concerne Pike, voici ce que j'en disais il y a quelque temps :
Ça faisait bien longtemps que je n'avais pas lu un roman des éditions Gallmeister, estampillé "littérature des grands espaces américains".
Pourtant je savais que cette fois-ci, je ne retrouverais pas l'air
vivifiant de la nature, les charmes des rivières où il est bon de pêcher
la truite. L'histoire se déroule en ville, durant les années Reagan en
plein hiver, où la neige fondue se mêle à la boue et à la crasse. Côté
paysages, de magnifiques rues sinistres, des squats de junkies, des
entrepôts désaffectés et des motels miteux.
Downtown Cincinnati, un restaurant dans une ruelle. A l'extérieur, quelques voitures rongés par le sel avancent dans la bouillasse de neige fondue, mais le trottoir est désert.
Downtown Cincinnati, un restaurant dans une ruelle. A l'extérieur, quelques voitures rongés par le sel avancent dans la bouillasse de neige fondue, mais le trottoir est désert.
C'est dans cette ambiance chaleureuse que l'on voit apparaître le personnage de Pike.
Pike descend Mulberry street au ralenti, une main posée sur le volant, scrutant la surface chiffonnée de cette rue d'Over-The-Rhine de ses yeux gris plissés. Les fissures béantes de la terre sous les fondations des étroits immeubles victoriens. Les petites pelouses jonchées de détritus et de bris de verre. La neige lacérée de pisse jaune.
Pike est
un ancien truand. Il se retrouve du jour au lendemain avec sa petite
fille qu'il n'a jamais connu sur les bras. Sarah, sa mère vient de
mourir d'une overdose. Accompagné d'un jeune paumé, Rory, ils vont en
savoir plus sur les circonstance de sa mort. Ils devront s'armer de
courage mais aussi et surtout d'une sacrée paire de c...., de leur
flingue chargé au max. Ils n'hésiteront à employer la manière forte, à
cogner celui qui ne veut pas cracher le morceau, pour apprendre la
vérité. Une descente dans les bas fonds des quartiers pauvres de
Cincinnati, le milieu des putes et des dealers que le lecteur n'est pas
prêt d'oublier. Autant vous dire que c'est glauque, irrespirable et
plutôt triste. Rajoutez à cela, un flic corrompu, ignoble et violent,
bien décidé à faire taire ceux qui osent interférer dans son trafic de
stupéfiants.
Pour son
premier roman, Benjamin Whitmer frappe fort avec des personnages en
souffrance, des scènes de baston où le sang gicle et se mélange au vomi
et à la sueur. Les dialogues sont percutants, laissent un goût
d'amertume, de regrets, de désillusions et de non-dits.
Une lueur d'espoir ? Oui quand même, mais une toute petite comme celle d'une faible bougie qui s'apprête à s'éteindre.
Les références à Jim Thompson et David Goodis (sur la 4ème de couverture) ne sont pas usurpées. Un superbe roman noir sévèrement burné qui laisse des traces chez le lecteur.
Une lueur d'espoir ? Oui quand même, mais une toute petite comme celle d'une faible bougie qui s'apprête à s'éteindre.
Les références à Jim Thompson et David Goodis (sur la 4ème de couverture) ne sont pas usurpées. Un superbe roman noir sévèrement burné qui laisse des traces chez le lecteur.
Commentaires
@ Nadine : pour les cocotiers, il faudra repasser effectivement ;-)