Le bon frère de Chris Offutt
Boyd vient d'être assassiné. Dans les collines du Kentucky, on sait qui a fait le coup mais la police ne fera rien pour arrêter le coupable. Tout le monde attend que Virgil, son frère, se venge. Mais il n'a rien en commun avec Boyd, véritable caïd. Il est plus réservé, préférant la forêt et vivre au rythme de la nature. Pourtant, il va devoir agir. Reste à savoir comment.
Wouah ! Quel bouquin !
Liberté. C'est le maître mot de cette histoire. Cet homme va devoir la gagner coûte que coûte en cherchant sa voie malgré la pression de son entourage. Souvent comparé à son défunt frère, Virgil est l'inverse. Un contemplatif, attaché à la nature qui le ressource. A 30 ans, il n'a jamais quitté ses terres, jamais eu véritablement l'occasion de choisir. Se contentant de ce qu'on lui donne, de la vie qui, d'une génération à l'autre semble vouloir se répéter.
Lorsqu'il passe à l'action, c'est le grand saut vers l'inconnu qui le mènera dans les montagnes du Montana. Une autre nature, d'autre paysages bien différents de ce qui l'a connu. C'est aussi une autre loi qui s'applique, non celle du pays, mais celle inventée par des hommes aux mentalités différentes.
Le bon frère est un roman incroyablement humain. Virgil essaye de s'intégrer mais le décalage avec "l'autre" est grand. Trop grand. Sa manière de penser alerte, désarçonne. On ressent toutes ses angoisses, son incompréhension face aux préjugés et à l'extrémisme d'un groupe d'habitants du Montana (ça fait froid dans le dos d'ailleurs !).
Dans ce livre, j'ai aussi aimé ces grands espaces américains magnifiques. On mesure toute la diversité d'un état à un autre. Cette nature qui façonne l'homme, et qui en l’occurrence, a construit Virgil. Le choc culturel lorsqu'il va pour la première fois dans une grande ville est saisissant.
Le bon frère est un roman où l'on a envie de crier que la liberté n'a pas de prix, l'importance de faire ses choix et de les assumer même si le chemin est dur ou semble impossible.
Un roman incroyablement puissant et superbement bien écrit que les éditions Gallmeister ont eu la bonne idée de retraduire, la première publication datant du début des années 2000 chez Gallimard, dans la collection La noire.
Venez rejoindre le Challenge Gallmeister 10 ans : c'est par ici.
Le bon frère de Chris Offutt - traduit de l'américain par Freddy Michalski - collection Totem - Gallmeister - sortie le 02 mai 2016.
Commentaires
Dans un contexte différent, le pitch m'a fait pensé à Gravesend, de William Boyle (http://www.payot-rivages.net/livre_Gravesend-William-BOYLE_ean13_9782743635404.html)