Vigilance de Robert Jackson Bennett

Dans une Amérique dystopique qui se meurt face à une Chine toute puissante, un jeu de télé réalité voit le jour pour distraire sa population. Le public va pouvoir suivre en direct une tuerie de masse dans un environnement contrôlé avec des joueurs triés sur le volet, prêts à gagner le plus d'argent possible.

Dès les premières pages, on a du mal à y croire. On se dit : il va pas osé faire ça quand même ? Et bien si évidemment.

Première point de vue : celui d'un producteur de télévision d'un cynisme sans bornes sans compter ses collaborateurs tout aussi odieux. Ensemble, ils utilisent les intelligences artificielles pour analyser leur public. Ils élaboreent un système imparable pour rendre les téléspectateurs addicts (fake news, publicités ciblées...) et pousser leur voyeurisme à son paroxysme.

Deuxième point de vue : celui d'une serveuse dans un bar qui semble être le seul personnage à avoir les pieds sur terre et à avoir encore toute sa tête. Lorsqu'elle ose éteindre la télévision que tous les clients regardent quand le jeu commence, elle aurait mieux fait de s'abstenir.

Arme + Peur + bêtise : c'est le cocktail poussé à l'extrême qu'a choisi Robert Jackson Bennett pour dénoncer à sa façon les travers de l'Amérique. La violence engendrée par le cercle sans fin du port des armes. Quand chacun citoyen, au nom de la liberté, a le droit de porter et de se servir d'une arme pour se protéger... Distiller la peur en contrôlant et espionnant chaque fait et geste des habitants du pays, c'est pas bien joli. Le consumérisme culturel à son plus bas niveau, c'est juste catastrophique. 

On rit jaune. On oublie que ce qui se passe dans l'histoire est un jeu tellement cela paraît crédible et possible, Surtout lorsqu'on assisté aux réactions des téléspectateurs. C'est finement joué, habile et très intelligent. Le twist final est un peu casse gueule mais assez jouissif en définitif.

Une lecture à la fois ludique, pertinente et glaçante qui confirme mon attrait pour la collection Une heure lumière

Vigilance - Robert Jackson Bennett - traduit de l'américain par Gilles Goullet - Une heure lumière - Le Bélial - 2019

Commentaires

joseph a dit…
on rit jaune : attention, par les temps qui courent ,des allusions à des couleurs de peau; pour faire simple il est préférable d'écrire: un riz jaune ,l'autre pas