Nouvelles d'Antan, 1948-1965 de Jack Finney


Dans la team de l'Avenue, je suis celui qui lit le moins de science-fiction. Une de mes portes d'entrée dans cet unviers si vaste fut la collection Une heure lumière des éditions Le Bélial. Des novellas dont le format ne m'effraie pas (contrairement à certains gros pavés de SF qui me rebute, oui je sais, c'est un à priori très cliché) et dans lesquelles j'y trouve mon compte.

Sortie à l'automne dernir, voici, chez le même éditeur d'autres nouvelles, celle de Jack Finney, écrites dans les années 1950. Je dois dire que c'est tout d'abord la très belle couverture d'Aurélien Police qui m'a attiré. L'introduction précise que c'est la première fois que sont regroupées dans un même livre autant de nouvelles pour cet écrivain et que pour une fois la France à une avance sur ses voisins anglais.

J'avais dans l'esprit que ces nouvelles auraient un côté désué ("Nouvelles d'Antant" oblige) avec un fantastique proche dans l'esprit de la série La cinquième dimension,. Je m'y suis donc plongé. Premières nouvelles lues, je me suis dis que c'était pas mal...et puis, plus j'avançais, plus je me suis surpris à vraiment aimer l'ambiance de chaque nouvelle, à me dire à la fin de chacune : ah oui, c'est plus que pas mal, c'est superbe ! Car ce qui m'a touché le plus, c'est la mélancolie des personnages dans une société moderne qui tournent la tête vers le passé. 

Un passé révolu dans lequel on aimerait retourner (ce qui est le cas dans plusieurs nouvelles grâce à un simple boîtier à remonter dans le temps). Dans une société où tout va ou change trop vite, les personnages se sentent déboussolés, tentent de vivre malgré tout, en essayant d'y trouver leur place mais l'échangeraient volontiers contre celles de leurs ancêtres. Le genre fantastique adopté par l'écrivain est amené de manière très subtile, on a envie de remonter le temps et de vivre nous aussi en 1880. La critique de la société d'après guerre est mordante et d'une grande justesse.

Dans une nouvelle, le personnage principal, après avoir acheté un vieux secrétaire, trouve dans l'un des titoirs secrets, une lettre d'amour écrite 70 ans auparavant. Célibataire et à la reherche de l'âme soeur, il va répondre spontanement à sa propriétaire et ce pour notre plus grand plaisir. C'est juste...beau !

Dans une autre, un homme regardant un oiseau en plein vol, a envie lui aussi de parcourir les airs. Aussitôt, il fabrique un ballon pour y parvenir et le voilà bientôt dans les nuages au-dessus de son quartier. Sa soif de liberté et de s'achaper un instant à la réalité de sa vie sont une pure merveille de lecture.

Des nouvelles plus drôles également avec l'histoire d'un homme, laissant sa femme aller au cinéma sans lui, afin de rédiger un rapport urgent pour son travail. Il se voit contraint d'emjamber la fenêtre de son appartement du 13ème étage pour récupérer sur la corniche un papier important qui s'est envolé et qui s'est coincé dans un angle mort de l'immeuble. En sachant que le titre s'intitlue "Contenu des poches du mort". 

Sans oublier l'interrogatoire d'un professeur d'université par un policier déterminé à mettre la main sur des suspects dont il retrouve la trace en photos dans les archives de journaux publiés des décénies plus tôt. Jouissif. 

Enfin, la très belle nouvelle où  un architecte tente d'expliquer à un couple aisé (vendeurs de bateaux) qu'il ne construira leur maison (destinée à épater leurs futurs clients) qu'à la seule condition que celle-ci ait une vraie âme. Des plans d'une ancienne maison d'époque de la fin du XIXème seront finalement trouvés inextrémis pour y parvenir...   

Des nouvelles humaines, touchantes, où l'on sourit aussi, où l'on a envie d'arrêter le temps pour savourer le présent. Je suis vraiment enthousiaste de ma lecture de ce reccueil que j'aurais envie, j'en suis sûr de relire.

Une citation que j'ai beaucoup aimé et que je partage ici :

On admire une vue disparue. Celle, banale, d'un monde enfui. On a puisé dans l'ancien temps afin de le ressusciter. Peut-être aurait-on dû le laisser en paix.        

Je me suis commandé chez mon libraire deux autres livres de cet écrivain : Body snatcher, l'invasion des profanateurs et Le voyage de Simon Morley

Quatrième de couverture de l'éditeur :

On doit à Jack Finney (1911-1995) deux chefs-d’œuvre absolus. Body Snatchers – l’invasion des profanateurs, qui, en 1955, révolutionne la thématique de l’invasion extraterrestre, et sera adapté au cinéma à quatre reprises. Puis, quinze ans plus tard, Le Voyage de Simon Morley, salué par le prestigieux Grand Prix de l’Imaginaire en 1994. Or, Jack Finney fut aussi un formidable nouvelliste. Le présent ouvrage, manière d’intégrale raisonnée sans équivalent en langue anglaise, reprend ses récits ressortissant à la science-fiction, au fantastique, à l’insolite, au suspense, voire à l’horreur. Vingt-deux nouvelles, dont onze inédites, comme autant de joyaux enchâssés dans une œuvre essentielle, fondatrice. 

Nouvelles d'Antan :  1948 - 1965 - Jack Finney - Le Bélial - 2023.

Commentaires

tadloiducine a dit…
Tiens, voilà un recueil qui pourrait se faire référencer dans le challenge "Bonnes nouvelles" chez "Je lis, je blogue" (https://jelisjeblogue.blogspot.com/p/bonnes-nouvelles-le-recapitulatif.html)!
(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola