Nestor Burma par Malet et Tardi

 

J'ai connu Tardi avec ses adaptations des romans de Jean-Patrick Manchette (voir notre billet). 

L'opération Masse Critique "Mauvais genre" fut pour moi l'occasion d'assouvir ma curiosité en entrant pour la première dans les polars de Léo Malet que je n'ai jamais lu en roman. 

Casterman a eu la bonne idée de regrouper en un seul volume les quatre adaptations des romans de Léo Malet par Tardi : Brouillard au pont de Tolbiac (1982) ; 120 rue de la gare (1988) ; M’as-tu vu en cadavre ? (2000) ; Casse-pipe à la Nation (1996). 

L'objet en lui-même est un gros pavé de belle facture, étonnamment léger (du au type de papier utilisé, légèrement vieilli, type journal) avec des bords orangés qui donnent un côté "vintage" des plus réussis, en correspondance avec l'époque dans lequel se déroulent les enquêtes du détectives (années 1950). 

Le livre aurait peut-être mériter un format un poil plus grand pour une meilleure lisibilité de l'écriture. En effet, les histoires sont assez bavardes. La police d'écriture dense et ramassée fait qu'il est nécessaire de bien prendre son temps pour tout lire, retenir les nombreux personnages et intégrer les intrigues complexes et savamment intrigantes. Ce qui au départ aurait pu paraître fastidieux s'avère finalement être très agréable dans le rythme de lecture. Le lecteur est pleinement baigné dans une atmosphère nocturne et citadine (Paris et Lyon) et suit le personnage principal obligé parfois de faire de nombreux kilomètres à pieds pour les besoins de son enquête. C'est indéniablement un point fort des enquêtes de Nestor Burma, "Le détective qui met le mystère K.O." C'est ce pourquoi j'aime les romans policiers et les films noirs de cette époque. On aura même la surprise de découvrir un plan de Paris en fin de certaines histoires. L'autre saveur de ces récits sont l'humour cynique de l'écrivain et l'argot employé, ce qui donne un charme incontestable.   

L'enquête de 120 rue de la gare, contrairement aux trois autres, se déroulant durant la seconde guerre mondiale. L'atmosphère y est très réaliste, lourde et oppressante et l'intrigue la plus développée. Même si je n'ai jamais lu les romans de Léo Malet, je pressens que Tardi a su être fidèle à son univers et le retranscrire graphiquement avec justesse. Ses adaptations sont pour moi une vraie réussite. Je ne bouderais mon plaisir de prolonger la découverte en dénichant sous peu un des romans de l'écrivain.

Un immense merci à Babelio et aux éditions Casterman pour l'envoi de ce livre.

Nestor Burma - Malet/Tardi - Casterman - 2023.

Commentaires

tadloiducine a dit…
Le "style" créé par Tardi a été repris avec plus ou moins de bonheur par d'autres dessinateurs et scénaristes (on en est aujourd'hui à 13 albums): Moynot, Barral, Ravard...
Certains des albums sont d'abord parus en "tranches" périodiques, chacun sous forme de trois "simili-journaux" avec deux pages "d'actualités" précédant la BD en grand format!
(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
Guillaume a dit…
@tadloiducine : hello. merci pour ton commentaire éclairant. j'ai cru voir pour les simili journaux en librairies ! quant aux reprises par d'autres auteurs, je n'ai pas encore mis le nez dedans, mais comme ça, ça me dit pas trop (c'est un peu bête, j'en conviens).
dasola a dit…
Bonsoir Guillaume, les adaptations par Tardi de Léo Malet, mais les suivants sont bien aussi car les dessinateurs se sont inspirés du style de Tardi et c'est un bel hommage. Bonne soirée.
Guillaume a dit…
@dasola: oui, j'ai vu en librairie les suivants repris par d'autres dessinateurs. A première vue, c'est assez fidèle dans le style !