Henry David Thoreau & le choix de la désobéissance par Pierre Madelin

 

J'ai découvert Henry David Thoreau avec Walden ou La vie dans les bois. J'avoue que l'ouvrage se mérite. Il demande attention et persévérance, car il est dense et riche. Il amène multiples réflexions et un certain temps de digestion.

L'opération Masse critique m'a permis une entrée en matière plus douce avec cet essai qui a le grand mérite de présenter de manière concise et accessible ce penseur américain aux multiples facettes. Ce dernier s'articule en deux parties : la première étant l'essai en lui-même, la deuxième regorge d'extraits des différents écrits de Thoreau.

Concorde, Massachussetts aux Etats-Unis, la ville où il naît en 1817 sera pour lui un des terrains privilégiés d'observation et d'expérimentation. Notamment lorsqu'il décide, entre 1845 et 1947, de se retirer seul dans une cabane qu'il a construit près d'un étang près de Walden Pond, terrain familier qu'il connait depuis toujours. Faisant fréquemment des allers retours à la ville, son projet n'est pas de vivre dans la nature sauvage mais bien de mener une vie plus libre et autonome. Sa quête d'authenticité et de sagesse sont au cœur de ses choix. Son désir d'un retour à l'essentiel et d'une forme de simplicité n'empêche en rien la dimension économique de son expérience. Il y consacre d'ailleurs un long chapitre dans Walden, où il dénonce les ravages de la croissance et du productivisme.

Si Thoreau est souvent associé à cette simplicité volontaire, à la place importante accordée à la nature comme espace de liberté, et à la critique du progrès de l'industrialisation, comme le souligne très bien Pierre Madelin, celui-ci met aussi en avant son engagement abolitionniste et son combat pour la justice, quitte à prendre un virage radical. 

Le plus bel exemple étant la nuit qu'il passe en prison, pour avoir refuser de payer les impôts locaux, suite à sa protestation contre l'annexion du Texas (qui appartient au Mexique) par l'armée des Etats-Unis, Par la suite, il théorisera son action et invitera à la désobéissance face à aux lois de l'époque qu'il juge injustes. 

Pierre Magelin nous présente avec intérêt un homme proche de la nature, poète et philosophe. Mais aussi une personne engagée et passionnée, faisant figure incontestée et précurseuses d'une écologie à la fois scientifique, naturaliste, spirituelle et politique. Sa critique globale de la société industrielle de l'époque et son rappel des besoins pour l'homme de vivre au contact de la nature pour se réaliser pleinement permettent d'inscrire à juste titre cet ouvrage dans la collection intitulée Précurseur.ses de la décroissance

Je ne peux que recommander cet essai, qui malgré sa brièveté (120 pages) reste qualitatif et d'un abord facile. Les choix pertinents des extraits invitent le lecteur à poursuivre la pensée de Thoreau à travers d'autres de ses écrits. 

Merci aux éditions Le passager clandestin (dont je connaissais l'excellente collection Dyscrhoniques) et à Babelio pour l'envoi de ce livre.


Henry David Thoreau & le choix de la désobéissance par Pierre Madelin - Collection Précueseur.ses de la décroissance - Éditions Le Passager Clandestin - 2024.

Commentaires

Ingannmic, a dit…
J'ai essayé récemment de lire Walden, et j'ai jeté l'éponge après environ 150 pages... sans doute ce titre passerait-il mieux...