Morgue pleine de Jean-Patrick Manchette
C'est avec plaisir que je poursuis l’œuvre de Jean-Patrick Manchette. Dès les premières pages, on est plongé dans le bain et on se régale.
Manchette invente le personnage de Eugène Tarpon, ancien gendarme qui s'est reconverti en détective privé minable. On le retrouvera plus tard dans d'autres romans. Ici, Tarpon n'a pas d'affaires à se mettre sous la dent et projète de rentrer chez sa mère. Jusqu'au soir où une jeune fille, Menphis Charles, pleine de sang, lui demande de l'aide. Elle lui raconte qu'elle a retrouvé sa colocataire assassinée. Tarpon se méfie et préfère lui dire d'aller voir les flics. Mais évidemment Tarpon se retrouve embringué dans cette sale histoire et a du mal à s'en dépêtrer. Il se fait kidnapper, tente d'échapper aux flics tout en essayant d'innocenter la jeune fille. Il ne cessera de se trimballer dans Paris, de se faire taper dessus, découvrant ça et là de nombreux morts.
Le scénario est tiré par les cheveux et on a du mal à croire à tout ce qui arrive à ce pauvre Tarpon. Mais peu importe. Manchette n'hésite pas à jouer avec ses personnages, les rendant ridicules. Il distille dans ses descriptions minutieuses et ses dialogues un humour décalé et des réflexions inopinées donnant toute la saveur de ce style si particulier qui caractérise Manchette.
Morgue pleine a été écrit à toute vitesse parce qu'il fallait que je paie mes impôts. J'ai livré le manuscrit le 12 ou le 13 novembre, j'avais demandé que le chèque soit prêt afin de le donner le lendemain au percepteur ! Et j'ai passé les six mois suivants à me répéter que ce bouquin était affreux...
extrait d'un entretien avec Luc Geslin et Georges Rieben paru dans Mystère Magazine, août 1973.
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