Du vide plein les yeux de Jérémie Guez
Jérémie Guez m'avait bluffé avec son premier roman Paris la nuit (voir ma chronique). Il récidivait avec Balancé dans les cordes (voir ma chronique - Prix SNCF du Polar 2013, Prix Sang d’encre 2012). J'étais donc impatient de lire le dernier volet de cette trilogie parisienne. Je ne doutais pas un instant que j'allais me régaler. Mais bon voilà, le problème c'est que je suis gourmand (est-ce vraiment un problème me direz vous ?). J'ai savouré ma lecture mais je suis un vrai goinfre. Ce roman se lit d'une traite tellement c'est bon.
Décidément, l'écriture de Jérémie Guez gagne en fluidité, en profondeur. Toujours aussi percutante et incisive. Côté histoire, l'idée de départ est plutôt classique voire déjà vu. Mais peu importe. Ça fonctionne très bien. J'ai marché à fond. L'intrigue qui paraît simple à première vue gagne en complexité avec un scénario encore plus fouillé et réussi que les deux précédents romans.
A certains moments, j'étais crispé et tendu, tournant les pages pour comme un malade, retenant ma respiration en me disant : put***, ça va mal tourner. Les scènes d'actions et de bastons sont très réussies. Jérémie Guez sait ménager son lecteur en alternant scènes fortes en adrénaline et moments plus calmes. Ce qui permet de nous faire respirer un peu (difficilement certes mais on en tout de même bien besoin).
Au delà de l'intrigue, Jérémie Guez continue à nous emmener dans le Paris de la nuit, dans les quartiers difficiles avec son économie parallèle (deal, vol...). Les beaux quartiers ne sont pas épargnés pour autant. Il s'en prend aux hommes de pouvoir, qui envoient leurs sbires pour faire le sale boulot et tentent par n'importe quel moyen de se blanchir.
Et puis, ce magnifique personnage à qui on s'attache, Idir. Qui vient de faire six mois de taule. A la fois désabusé et lucide sur la vie. Bien décidé à assumer ses conneries passées tout en essayant de vivoter en acceptant des contrats empoisonnés qui ne peuvent lui apporter que des galères. Un homme issu d'un milieu modeste qui dans son parcours d'étudiant n'a jamais réussi à se fondre dans un milieu social plus élevé qu'il fréquente, tout en maintenant des amitiés fortes et sincères. Un homme qui a aussi des rêves et qui tentera de les réaliser ou du moins de ne pas y renoncer pour toujours.
Un très beau titre pour un très bon roman noir. Je ne doute pas un instant que ce roman rencontre un vif succès auprès d'un public, qui j'espère sera de plus en plus grand. Je ne peux donc que me répéter en vous conseillant de lire cet écrivain.
D'autres avis élogieux, ceux de Passion polar (que je remercie encore de m'avoir fait découvrir cet auteur), Les Gridouillis, Encore du noir et Le blog du polar de Velda.
Du vide plein les yeux - Jérémie Guez - La Tengo Editions - 2013
Commentaires
Moi aussi je l'ai dévoré, j'aurai pu le lire d'une traite mais j'ai voulu le faire durer un petit peu...
la goinfre a su se maitriser...(un tout petit peu)